Vipassana, la pratique

Il s’agit de méditer.

  • En prenant conscience de la respiration naturelle pour calmer son esprit.
  • En pleine conscience, en recherchant à être conscient de toutes les sensations du corps et des pensées venant de l’inconscient

C’est tout. On s’assoit, on ferme les yeux et on est attentif à la respiration, jusqu’à ce que la cloche de fin de séance sonne.

Après quelques minutes, le corps s’agite, on pense à cent autres choses. On se demande quand ça va finir. Le dos devient douloureux, les jambes endoloris, l’esprit inquiet de la fin. Chaque minute est longue. On gigote,  pourquoi cette folie. De temps à autre, la volonté permet de remettre l’attention sur la respiration, mais c’est un combat où j’ai toujours échoué les 3 premiers jours. Viens le moment délicieux, emporté par le rythme du souffle, on y oublie tout, et le réveil arrive presque trop vite. Avant de recommencer, pour tenir les 12h de méditation de la journée. Timing serré avec le lever à 4 h. Ceci permet d’aller dans le hall de méditation, encore de nuit, encouragé par les cris des crapauds. Et ensuite, les yeux fermés, sentir l’aurore poindre et réchauffer les corps des méditants, enfin de ma voisine qui porte sur ses épaules la couverture de son lit.
Ensuite, la chaleur s’installe, et comme pour le temps, sans  mesure. Le jour où les ventilateurs étaient en panne, j’ai passé une séance entière à suivre le cheminement des gouttes de sueur sur mon visage, de la source dans le cuir chevelu, en passant rapidement sur le front et les joues, ralenti, presque arrêté par la barbe de 10 jours, pour finir par se jeter du menton vers le torse et entrer dans l’humidité du t-shirt. Puis le suspense de la prochaine goutte ou le choix cornélien d’en choisir une seule. Ce fût un très bonne séances, l’attention totalement portée sur ce flot, la cloche arriva si vite.

Les repas offraient une coupure bienvenue, à 7 h et à 11h. Le riz ne manquait jamais, accompagné de légumes goûteux ou filandreux, et de sauces parfois épicées, toujours rapide et silencieux. D12, mon matricule scotché sur la table, ne me laissait pas de distraction, et après avoir pris conscience de la mastication, il ne reste plus qu’à laver le bol vide. Les moments qui venaient étaient ceux du défoulement, en lavant son linge mais plus encore, en balayant devant sa porte. Les arbres nous apportaient graines et feuilles sur le chemin, et le balai était si léger que c’en était un plaisir sonore. Je dus manquer visiblement d’envie de le faire, car, dès le second jour, mon adorable « servant member »  vint à ma « place », examiner le balai, et en retailler les poils aux ciseaux, avec le soin et l:attention d’un barbier. Ensuite, je mis un point d’honneur à balayer avant même les repas.
Puis D3 et D4 arrivèrent, et l’ordre de la journée fut totalement établi dans ma tête. Il n’y avait ni lundi ni Dimanche, juste, à la cantine, le numéro du jour affiché.
Deux pendules aussi, qui permettaient de savoir si l’on pouvait encore faire le tour de la promenade, en marche méditative, avec le ressenti du talon sur le sol, puis du poids sur l’avant du pied… Marche lente, mais la boucle était tout aussi longue que celle d’un cloître.
En fin de journée, une heure d’enseignement nous était dispensée dans la langue maternelle. Nous étions deux de langue française, une méditante et moi. Nos casques étaient branchées sur la même prise, mais nous restions séparé d’un paravent, et ma compatriote ne vivait que par le balencement de son cordon audio. Je lui est parlé dans le bus du retour vers Bangkok.
Et cette règle de séparation des sexes s’appliquait même aux « servant member », mon ange gardien, qui m’aida beaucoup, ne pouvait aller à l’interrupteur des ventilateurs, à deux mètres de nous, côté femme.

Le suivi pédagogique était sérieux, l’enseignant, une femme qui dégageait une forte sérénité, nous faisais venir par groupe de contrôle (j’étais dans le groupe mâle B), et nous interrogeait un à un sur nos ressentis avant de partager quelques minutes de méditation) Même les yeux fermés je suis sûr qu’elle connaissait notre état d’esprit, notre calmes, nos douleurs. De nombreux élèves prenaient rendez-vous pour des points de techniques.

A D10, dès le matin, nous fûmes délivré du silence, mais mon manque de maîtrise de la langue Thaï ne me permis pas de partager mon expérience avec tous.

Un commentaire sur « Vipassana, la pratique »

  1. Merci Hervé!
    Je regarde de temps en temps tes images et récits , youjours avec avec grand plaisir et enchantement
    Un vrai voyage immobile 🙂
    Qui donne envie de partir en mobilité 😉 !
    Bonne suite à toi dans ce fascinant periple
    Edith

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